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A Saint Bertrand de Comminges

Une tour guerrière s’élève des collines.

Porte du Haut Comminges, antique fierté,

Dans la plaine nos yeux se posent sur ses ruines.

On a peine à croire ce qui pût exister


Aux pieds de l’immense, guerrière cathédrale :

Des temples honorant les dieux païens jadis,

Un grand amphithéâtre offrant de Juvénal

Les dernières pièces, disciple de Thespis.

 

Des montagnes le fleuve amenait les richesses

Du passus lupi dont on entendait parfois

Les coups sourds des marteaux qui rendaient sa finesse

Au marbre blanc qui de l’Empire serait roi.

 

On raconte qu’avant un chat, de la Garonne,

Pouvait seul par les toits aller sur la colline

Sans poser patte à terre. C’est que le temps façonne

Les villes puissantes. C’est que le temps fascine.

 

De sa gloire demeure à peine des pierriers.

Fondations, amères, d’une fille de Rome,

Devenus demeures des renards : Leurs terriers,

Désormais habitants du sinistre forum.

 

La Croix, seule en tête, a vaincu les orages

Que les ans ont fait vivre à ces habitations.

La basilique Saint Just est un témoignage,

Romane et austère, donnant l’absolution

 

A tous ceux qui se sont réfugiés dans son ombre.

Marcheur, prends ton bâton, il te faudra aller

Vers la mère de Dieu à la maison si sombre,

Vers le clocher de bois surplombant la vallée.

 

Gravissant les degrés de la sinistre butte

Tu laisses derrière les antiques chimères.

Et les félins errants, et les renards hirsutes,

Pour tourner vers le Christ ta timide prière.

 

Vois ce chemin de ronde : on vit dessus ses murs,

Médiévales gardiennes, sentinelles plissant

Des yeux alertes. Couvertes de fourrures

Prévenant le chrétien si venait le croissant.


Au cœur de la ville qui aujourd’hui s’endort,

Ami, passe donc voir la grande cathédrale,

Son cloître majestueux, balcon sur le Rioutord,

Timide ruisselet qui délaisse le val.

 

Entre voir l’intérieur de la maison de Dieu.

Etonnant édifice, on voit un crocodile

Sur une des parois. Etrangeté du lieu,

Pendu en altitude, c’est un pieux reptile.

 

L’orgue en nid d’hirondelle anime les offices

Qu’autrefois les chanoines chantaient selon les jours.

Désormais on n’honore plus la Cène du saint Fils

Qu’un dimanche sur deux, seule messe alentours.

 

Ainsi même l’âme de cet ancien hospice

De Compostelle meurt. Ami, viens visiter,

Juge donc si j’ai pu te faire un tableau lisse

D’un lieu dédié à la divine royauté.





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